« Profession Comptable 2030 » : et si vous n’étiez pas seul pour transformer votre cabinet ? 

Expert-comptable, membre du comité pédagogique de Profession Comptable 2030
Expert-comptable, membre du comité pédagogique de Profession Comptable 2030
Expert-comptable, membre du comité pédagogique de Profession Comptable 2030, vice-président du CNOEC en charge des études techniques

L’automatisation de la production, la digitalisation des processus, la data et la facturation électronique sont autant de potentiels de transformation qui agitent le monde de l’expertise comptable. Face à ces mutations profondes, les experts-comptables et leurs équipes doivent s’adapter pour rester pertinents, élargir leurs missions et répondre aux nouvelles attentes de leurs clients. C’est dans ce contexte que le Centre de formation de la profession comptable (CFPC) et les instituts régionaux de formation (IRF) ont conjointement lancé le programme « Profession Comptable 2030 1 ».

Les enjeux de la profession comptable

Le secteur de la comptabilité connaît de profonds bouleversements avec l’automatisation, les données, l’intelligence artificielle, les néo-banques et la facturation électronique. Il est estimé que près de 50 % des tâches liées à la mission de tenue de comptes seront automatisées au cours des cinq prochaines années. Ces évolutions ont des impacts significatifs sur la profession, notamment en matière de perte de chiffre d’affaires sur les missions traditionnelles et de baisse du taux d’occupation des équipes, en particulier des collaborateurs chargés de la saisie.

Pour relever ces défis, les cabinets doivent évoluer et proposer de nouvelles missions à leurs clients. Cette évolution ne se limite pas à l’apprentissage de nouvelles techniques, mais implique également l’acquisition de nouveaux métiers et de nouveaux comportements. Le besoin de formation est donc immense, à la fois en matière de quantité et de qualité.

Une profession en mutation

En juin 2023, OpinionWay a mené une enquête sur l’état de la profession comptable en France. Les résultats révèlent une profession prête à évoluer face à l’automatisation grandissante.

En effet, selon cette enquête, 73 % des cabinets envisagent de faire évoluer leur modèle en proposant de nouvelles missions à leurs clients (18 % pensent optimiser les process, en restant sur les mêmes missions, et 9 % pensent continuer globalement à faire comme avant…). Ce chiffre souligne l’importance de diversifier, sans attendre, les services proposés.

Et à la question : « D’après vous, la majorité de vos collaborateurs sont-ils en mesure de prendre en charge un nouveau type de missions (conseil, etc.) », 22 % répondent : « Tout à fait d’accord », et 47 % « Plutôt d’accord ». Ils estiment donc que 69 % des collaborateurs sont en mesure de prendre en charge de nouveaux types de missions, notamment des missions de conseil. Cette disposition à élargir les compétences est un indicateur prometteur pour l’avenir de la profession comptable en France.

L’objectif de « Profession Comptable 2030 »

Le programme « Profession Comptable 2030 » a pour objectif d’aider les collaborateurs à s’adapter à ladite évolution de leurs tâches, à identifier les nouvelles missions qu’ils seraient susceptibles de réaliser pour mieux accompagner les entreprises, et de faire évoluer leur approche du métier, notamment en modifiant leur comportement. Il ne s’agit pas seulement de répondre aux besoins actuels, mais de préparer la profession comptable à un avenir en constante évolution.

CAP 2030 : l’élément clé de la transformation

Au cœur de « Profession Comptable 2030 » se trouve CAP 2030, un outil de pilotage unique des compétences, proposé à la profession comptable de manière totalement gratuite. CAP 2030 poursuit quatre objectifs :

• accompagner les cabinets dans le développement de nouvelles missions ;

• accompagner les cabinets dans l’adaptation des compétences de leur équipe ;

• accompagner les collaborateurs dans l’évolution de leurs compétences ;

• orienter cabinets et collaborateurs vers les formations adaptées à leurs besoins.

Il permet, en effet, aux collaborateurs de faire un état des lieux de leurs compétences, d’identifier les missions qu’ils ont envie de voir se développer au sein de leur cabinet et par conséquent les formations qu’ils doivent suivre à cet effet. L’outil s’appuie sur un référentiel de compétences spécifiquement développé par et pour la profession comptable, capable d’identifier :

• les compétences techniques ;

• les compétences transverses ;

• les compétences sectorielles.

Cette plateforme offre ainsi une vision claire de l’impact du numérique, de la data, de la facturation électronique, mais pas seulement…

Les utilisateurs peuvent, de la sorte, définir les futures missions de leur cabinet, cartographier les compétences nécessaires pour ces missions, et identifier les parcours de formation les plus pertinents pour eux et leurs équipes. Cette approche collaborative, impliquant l’équipe du cabinet, est essentielle pour une adaptation réussie.

Concrètement, l’outil permet d’initier et de mettre en œuvre une véritable démarche personnalisée de développement de nouvelles missions et/ou de gestion prévisionnelle des compétences (GPEC) au sein du cabinet, à savoir : 

• faire un état des lieux des missions et des compétences actuelles du cabinet ;

• établir les fiches de poste des collaborateurs du cabinet ;

• préparer un descriptif de poste pour un recrutement de collaborateur ou d’associé ;

• réaliser le bilan de compétences des collaborateurs et construire la cartographie des compétences du cabinet ;

• estimer l’impact de l’automatisation, de la data et de la facture électronique sur le chiffre d’affaires, l’emploi et les fonctions des collaborateurs ; 

• envisager les missions futures que les cabinets pourraient développer et que les collaborateurs pourraient prendre en charge ;

• évaluer les besoins en compétences futures (pour les cabinets comme pour les collaborateurs) ; 

• mesurer l’écart entre les compétences actuelles et les compétences requises pour faire face aux futures missions du cabinet et/ou des collaborateurs ;

• définir un plan d’action permettant au cabinet de disposer des compétences nécessaires le moment venu pour développer de nouvelles missions. 

Des parcours de formation hybrides

« Profession Comptable 2030 » ne se contente pas de fournir, à travers CAP 2030, un outil de diagnostic, il propose également des parcours de formation adaptés aux besoins évolutifs de la profession. Ces parcours sont adossés à un référentiel de la profession comptable conçu spécialement et reposent sur des méthodes d’apprentissage innovantes. L’objectif principal est d’inciter chaque participant à reconsidérer son métier, sa posture et sa relation client.

Chaque module de formation suit un principe unique, combinant une journée d’autoapprentissage en « e-learning » (7 heures) pour l’acquisition de nouvelles compétences, suivie d’une session en présentiel en petits groupes (7 heures) dédiée à la mise en pratique, aux échanges, aux travaux collectifs et aux jeux de rôle pour ancrer les acquis. Cette approche hybride garantit que les compétences nouvellement acquises se traduisent par des pratiques professionnelles effectives.

Ces parcours ont un triple objectif.  

Aider les collaborateurs à s’adapter à l’évolution de leurs tâches :

• en prenant conscience des évolutions en cours, à venir et de leurs impacts sur les cabinets et les postes des collaborateurs ;

• en apprenant à travailler différemment dans un environnement envahi par les technos, le tout sur fond de facture électronique obligatoire.

Les aider à découvrir de nouveaux métiers et de nouvelles missions réalisables dans les cabinets pour mieux accompagner les dirigeants d’entreprise :

• les missions de full service (administratif, facturation, relance clients, accompagnement à la facture électronique, support aux achats…) ;

• les missions de pilotage de TPE/PME (budgets, tableaux de bord, gestion de trésorerie, calcul des coûts…) ;

• les missions liées au social et aux RH ;

• les missions de gestion, de traitement et d’exploitation des datas ;

• les missions de conseil aux dirigeants (prévoyance, retraite, mais aussi l’accompagnement lors d’un premier investissement dans l’immobilier…) ;

• les missions RSE …

Les aider à faire évoluer leur approche du métier et à changer de comportement vis-à-vis de l’équipe du cabinet et de ses clients :

• en devenant plus ouverts, plus commerciaux, plus managers, plus en lien avec les clients, en travaillant plus ensemble, plus en mode projet… ;

• en renforçant/développant leurs compétences transverses (les fameux soft skills), etc.

Le programme est axé sur quatre grandes thématiques :

• intégrer un cabinet ;

• améliorer la performance dans le cœur de métier ;

• contribuer au développement de nouvelles missions ;

• développer des compétences spécifiques.

La grande force de ces parcours réside dans la possibilité pour chaque cabinet de créer des parcours sur mesure à destination de ses collaborateurs. Les IRF proposent, en outre, pour ceux qui le souhaitent, des formations en inter, qui permettent de répondre concrètement et personnellement aux besoins de chacun.

Une pédagogie innovante 

Que ce soit lors des modules digitaux ou lors des sessions de regroupement, l’apprenant est invité à être le principal acteur de son apprentissage. L’ensemble des travaux les plus récents et les plus robustes en sciences cognitives l’ont en effet démontré : on n’apprend pas au moment où l’on reçoit une information de manière passive, mais au moment où l’on est confronté à un problème concret et où l’on va « tester » des solutions pour y répondre dans une logique d’essai-erreur-feed-back : 

• les modules d’autoformation en digital sont centrés sur des mises en situation concrètes, qui invitent les apprenants à se questionner, à faire des choix et à se corriger, jusqu’à comprendre par eux-mêmes le comportement adapté à la situation ;

• lors des sessions de regroupement, pas de défilés de slides toute la journée ! Les participants seront régulièrement mis dans les conditions « de la vraie vie » via des exercices, des mises en situation, des jeux de rôle… par des animateurs ayant une connaissance fine des réalités des situations de travail dans les cabinets. Autrement dit, l’apprenant sera amené à développer ses compétences de manière contextualisée – à partir des cas pratiques des modules digitaux, du partage des situations rencontrées dans son quotidien, de l’expérience de terrain du formateur et de celle de ses pairs. 

Financement et perspectives

Pour aider les cabinets et les collaborateurs à accéder à ces formations essentielles à leur pérennité, le programme « Profession Comptable 2030 » bénéficie de financements publics, notamment du FNE-Formation. Un dispositif de financement géré par Atlas 2 pour les formations liées à la transition numérique et écologique. Les publics éligibles sont les salariés des cabinets, du collaborateur, coefficient 180 de la convention collective, aux experts-comptables salariés. 

Les taux de prise en charge varient en fonction de la taille de l’entreprise, à savoir :

• effectif < 50 salariés et CA annuel ou total de bilan annuel < 10 M€ :

– taux de cofinancement Atlas/FNE : 70 % ;

• effectif < 250 salariés et CA annuel < 50 M€ ou total de bilan annuel < 43 M€ :

– taux de cofinancement Atlas/FNE : 60 % ;

• cabinet n’entrant pas dans les deux catégories précédentes :

– taux de cofinancement Atlas/FNE : 50 %.

Le cofinancement porte sur les coûts pédagogiques ainsi que sur le salaire des participants (à hauteur de 11 €/heure).

Nous attirons cependant l’attention du lecteur sur le fait que l’accord de prise en charge des dossiers par Atlas doit être daté du 31 décembre 2023 au plus tard. Vous disposerez ensuite de 12 mois, à partir de la date de l’accord, pour réaliser lesdites formations.

Enfin, la profession a négocié avec Bpifrance un prêt digital « facturation électronique » à taux préférentiel dédié à la profession, pour aider les cabinets à se préparer à la facturation électronique, couvrant l’achat de logiciels, la mise en place de processus, mais aussi la formation des collaborateurs (dont le programme « Profession Comptable 2030 »). Ces prêts sont réservés aux cabinets ayant au moins trois ans d’existence, 50 salariés au plus et disposant d’un encours bancaire de trois ans minimum. Les enveloppes peuvent aller de 5 000 à 50 000 €. Ces prêts sont accordés sans garantie, et sont remboursables sur des durées allant de trois à cinq ans, avec une possibilité de différé d’un an.

Le lien vers l’univers des prêts digitaux Bpifrance est le suivant : https://flash.bpifrance.fr

En bref, n’attendez plus ! Libérez vos talents et transformez votre expertise !

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